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10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 21:44

Le sanctuaire de Cotignac organise 2 pélerinages des célibataires, avec pour thème commun: “ Tu as du prix à mes yeux… et je t’aime ” (Is 43, 4):

   l'un pour les plus de 50 ans du vendredi 4 au dimanche 6 novembre.

   l'autre pour les 35-50 ans du vendredi férié 11 novembre au dimanche 13.

Le temps d'arrivée le vendredi est de 15 à 17h et le départ après 14h le dimanche.

On remarquera que par rapport à l'année dernière, il n'y a plus de temps prévu pour les 25-35 ans et qu'inversement il y en a pour les plus de 50 ans. C'est certainement en fonction de la perception des besoins.

Attention, il faut s'inscrire à l'avance auprès du sanctuaire (cf. liens).

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 12:08

Si vous trouvez que le Mont-Saint-Michel (cf. article précédent) est trop à l'Ouest, trop au Nord ou en tous cas trop loin, bonne nouvelle: le même week-end du dimanche 9 septembre est organisé dans le Sud-Est de la France, quasiment à l'opposé géographiquement, le pélerinage des célibataires à Cotignac dans le Var !

Ce pélerinage est un des plus anciens et récurrents de France, nous nous en sommes plusieurs fois fait l'écho par le passé sur ce blog.

Cette édition a apparemment changé de date mais les organisateurs ont pu dépasser ces difficultés, le thème est  "l'Eucharistie, source de ma vie dans le monde" - la page d'accueil du site de Cotignac évoque aussi cette citation qui mérite réflexion :

« Si tu fais de toi-même un ami, tu ne te retrouveras jamais seul » (M. Maltz).

La thématique tourne donc plutôt autour de l'idée de bien vivre dans son célibat, avec le Seigneur. Ceci dit, bien poser les bases de sa vie peut aussi amener un rapport plus juste aux autres y compris un futur ou potentiel conjoint.

Il faut s'inscrire et verser sa participation d'ici le 3 septembre normalement: il est encore temps, au moment où nous publions, de vous y précipiter :-)

Renseignements et coordonnées d'inscriptions sur le site du sanctuaire de Cotignac:

http://www.nd-de-graces.com/pelerinage-celibataires-2/

 

Pour l'expliquer aux lecteurs à qui ce ne serait pas familier, dans ce cas comme bien d'autres (y compris les pélerinages que nous avions organisés nous-même), la démarche d'un tel pélerinage consiste:

d'abord à sortir de (chez) soi

pour aller en un lieu où s'est passé quelque chose de particulier dans la vie de l'Eglise (certains ont vécu une expérience forte, une vie monastique, une apparition dont le message a été répété et reçu comme renforçant la foi,...) et qui peut être intéressant encore aujourd'hui (pour son passé, son présent, son cadre, ses possibilités d'hébergement aussi...)

pour se retrouver en Eglise (soit à tous, soit ici entre chrétiens qui vivent des situations semblables)

pour écouter et partager un enseignement ou sur les vies de chrétien des participants

Bref, à vivre et avancer dans la foi autrement que lors des temps cultuels ordinaires, notamment quand il y a une situation ou un thème à approfondir.

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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 15:11

Les différentes parties des enseignements du de l'édition du "forum Wahou" qui s'est tenue à Nîmes sont et seront diffusés par la radio locale du diocèse catholique de Nîmes Radio Ecclésia (émission "conférence et témoignage"), écoutable en ligne au moins en direct avec plusieurs rediffusions (et théoriquement en "podcast" aussi mais le lien ne semble pas disponible).

Ces enseignements remettant le mariage et le célibat consacré dans la perspective de Dieu et de notre résurrection finale sont donc disponibles pour tous, c'est une bonne nouvelle!

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 21:58

Organisée chaque premier vendredi de mars par un mouvement oecuménique (diverses confessions chrétiennes) de femmes dans le monde entier, la prière est composée par les femmes d'un pays en particulier, qui partagent des informations sur leur pays, leurs difficultés; la collecte est dédiée à des actions humanitaires de diverses Eglises dans le pays concerné.

Les hommes sont bien entendu bienvenus pour participer aux célébrations.

Le déroulement de la célébration, qui sera suivi en de nombraux lieux et pays autopur du monde, est en cette année 2015 préparé par les femmes des Bahamas. Au-delà de l'image de paradis climatique ou fiscal qu'on peut en avoir, des personnes y vivent et parfois souffrent...

Thème: "Comprenez-vous ce que j'ai fait pour vous?" (parole de Jésus après le lavement des pieds mais valable plus largement)

Voir: http://jmp.protestants.org/ (le site est hébergé par la Fédération Protestante de France mais s'adresse bien à tous les chrétiens et personnes de bonne volonté)

Pour les lieux et dates, le 6 mars (date "officielle") ou parfois les jours suivants: http://jmp.protestants.org/index.php?id=32353 (il se peut que certains manquent car organisés sur place et non signalés: regarder les panneaux d'affichage de votre Eglise et des autres confessions...)

(Note/P.S. technique: ceci est le premier article depuis le changement de la plateforme Overblog: ceci a notamment permis qu'il soit dans 2 catégories à la fois... Bonne lecture - et n'hésitez pas trop à faire des commentaires!)

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 07:00

Tout l'été, le blog a publié deux séries de conférences sur la famille, proposée par le diocèse de Paris. Les célibataires qui choisissent la vocation au mariage gagnent à se rendre aux conférences dédiées au couple chrétien, pour apprendre des notions qui leur échappent (amour conjugal, chasteté, le don, la gratuité du don, la récirprocité du don) ou fortifier ce qu'ils savent déjà.

A cette conférence, il y a un document préparatoire qui est une excellente opportunité pour travailler sur la vocation au mariage. Tous les éléments dans la version pdf aident à une meilleure compréhension du mariage chrétien. Bonne lecture!


Être époux, être épouse :

fonder la relation et la vivre à tous les âges de la vie  (5e partie et questionnaire préparatoire)

Module diocésain de formation, saint Jean-Baptiste de la Salle, 27 novembre 2010
par le Père Jacques de Longeaux
Texte intégral
Document préparatoire en pdf (lecture recommandée)
Source : http://www.paris.catholique.fr

Conclusion

L’amour conjugal tel que je l’ai décrit, cet amour propre aux époux, qui enveloppe le bien de la personne tout entière, qui s’exprime dans les gestes de tendresse de l’homme et de la femme, et l’union des corps, peut paraitre un idéal bien éloigné de la vie concrète des couples affrontés à la difficulté d’aimer, menacés par l’échec et la rupture. La perspective de la théologie n’est pas celle de la statistique.

L’Église ne prétend pas décrire le monde tel qu’il va, la relation de l’homme et de la femme telle qu’elle est. Elle met en évidence une vérité de l’amour humain qui certes n’est jamais pleinement ni parfaitement réalisé, qui certes est une tâche à accomplir plutôt qu’un acquis dont on pourrait jouir tranquillement ; mais qui pourtant n’est pas une utopie, un idéal illusoire, une projection de désirs ancrés dans notre inconscient et qui devraient un jour se briser sur le roc de la réalité. Elle travaille de l’intérieur la pâte humaine, si lourde, si opaque. Elle oriente nos efforts, elle nous indique une direction. Elle ne condamne certainement pas, celles et ceux qui sont affrontés à l’échec de leur mariage, qui ont subi une rupture. Ceux-ci demeurent époux, en même temps que parents, malgré l’interruption de la communauté de vie.

L’Église porte au monde la bonne nouvelle de l’amour. Elle puise dans sa foi au Christ qui nous a aimés jusqu’au bout l’assurance que l’amour, le véritable amour conjugal fidèle pour la vie, n’est pas un rêve impossible, malgré nos fragilités et nos chutes, malgré les déchirures et les déceptions. Cet amour, affirme le concile (toujours au §1 de Gaudium et Spes 49) « le Seigneur, par un don spécial de sa grâce et de sa charité a daigné le guérir, le parfaire et l’élever ». En effet, seul l’amour de Dieu, répandu dans nos cœurs, nous permet de nous donner en vérité : « Associant l’humain et le divin, un tel amour conduit les époux à un don libre et mutuel d’eux-mêmes ».

La grâce du sacrement ne se superpose pas à la réalité naturelle du mariage, l’amour divin – la charité, l’agapé – ne grandit pas en chassant l’amour humain, en prenant sa place, y compris ses composantes physiques et affectives. Mais il l’assume, le purifie, et le conduit vers sa perfection, le don réciproque.

 

 

Sommaire

1e partie : L’égale dignité personnelle de l’homme et de la femme

2e partie : L’alliance conjugale

3e partie : Un amour qui enveloppe le bien de toute la personne

4e partie : Un amour qui enveloppe le bien de toute la personne (suite)

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 07:00

Être époux, être épouse :

fonder la relation et la vivre à tous les âges de la vie  (4e partie)

Module diocésain de formation, saint Jean-Baptiste de la Salle, 27 novembre 2010
par le Père Jacques de Longeaux
Texte intégral
Document préparatoire en pdf (lecture recommandée)
Source : http://www.paris.catholique.fr


3. Un amour qui enveloppe le bien de toute la personne (suite)

 

Mais, nous savons que le sentiment change avec le temps. L’amour passionné devient une amitié profonde, moins fusionnelle, plus mûre, plus ouverte. Il y a un risque à identifier l’amour conjugal au transport amoureux des premiers temps. Si c’est le cas, la banalité du quotidien, au lieu d’être le lieu de l’amour, apparaîtra comme son fossoyeur. Et l’on cherchera à revivre avec quelqu’un d’autre l’état amoureux qui nous avait rendu, pour un temps, apparemment heureux en transfigurant la réalité.

Nous avons un corps et une affectivité, mais nous avons aussi une raison et une volonté. On ne fait plus aujourd’hui de mariage de raison, dans lequel on tient ensuite par un acte de la volonté, en prenant sur soi, parce que c’est notre devoir. Mais le risque est inverse : au nom de l’amour, exclure la raison et surtout la volonté.

Or le véritable amour conjugal inclut, intègre, la raison et la volonté. La raison : il ne faut pas s’engager dans un mariage dont on a toutes les raisons de penser qu’il ne pourra pas tenir. Il faut réfléchir un peu, ne pas se laisser aveugler par le sentiment. On rencontre aujourd’hui le problème inverse : la difficulté de s’engager, parce qu’on voudrait être certain de ne pas courir à l’échec. De là, la pratique aujourd’hui très répandue de vivre ensemble avant le mariage, afin de vérifier si l’on est bien ensemble. On sait d’ailleurs que cela n’empêche pas les divorces, au contraire, car on ne peut pas fonder un mariage seulement sur le constat que « ça marche ».

C’est là qu’intervient la volonté. Le mariage est fondé sur une décision commune de construire une union, une famille ; sur la volonté d’affronter ensemble les difficultés qui pourront surgir. Nous disposons aujourd’hui de tous les moyens de conseil conjugal pour aider un couple à traverser une épreuve, à surmonter une crise. Encore faut-il que l’un et l’autre le veuillent, qu’ils en aient la volonté.


La définition classique, théologique de l’amour est : vouloir le bien de l’autre. Il ne faut pas entendre ici le verbe « vouloir » dans un sens volontariste. La volonté est d’abord un attrait, un élan, vers un bien conforme à la raison, un bien véritable qu’il convient d’aimer. Vouloir le bien de l’autre dans le mariage, c’est lui être attentif, partager ses joies, être à ses côtés dans ses difficultés, l’accueillir comme il est, ne pas l’écraser, ni le diminuer parce que l’on est déçu qu’il/elle ne soit pas conforme à l’idéal que l’on s’était représenté, le soutenir dans ses projets, l’écouter quand il a besoin de parler, se taire quand il préfère rester silencieux, être son aide, son allié(e) en toute circonstance, l’aider à progresser humainement, spirituellement, le corriger éventuellement en faisant passer les messages avec cette intelligence du cœur qui fait que le conjoint ne sera pas blessé, ou avec humour, sans lui faire la leçon. Se marier c’est gagner un allié pour la vie !

Tout cela relève de l’intelligence du cœur et d’une inclination de la volonté, qui surmonte les réactions spontanées de l’affectivité. C’est ici qu’il faudrait parler du pardon et de l’obéissance réciproque dont le modèle est la relation d’amour et de service du Christ et de l’Église (cf. Ep 5,21-32). Mais chacun des ces deux thèmes pourrait occuper à lui seul toute une conférence.

Corps, affectivité, raison et volonté, à quoi il faut ajouter le cœur. Ce centre le plus intime de la personne, le lieu de la rencontre avec Dieu selon la tradition spirituelle, cette part de la personne qui échappe toujours et qui fait que l’autre demeure un mystère. Heureusement qu’il en est ainsi ! Si je prétends connaitre parfaitement mon conjoint ou mes enfants, il y a bien des chances que je l’emprisonne dans une idée toute faite et que mon « amour » soit étouffant ! L’amour suppose le respect du mystère de l’autre, créé par Dieu, destiné à la vie éternelle. Il y a en chacun de nous un fond irréductible de solitude qui est le lieu de la présence de Dieu. C’est là aussi, comme je l’ai déjà dit, que la liberté a sa racine et que s’origine l’amour.

Il reste deux dimensions essentielles de la personne que le véritable amour conjugal intègre : la dimension temporelle et la dimension sociale. Sous ces deux aspects c’est l’ouverture à l’autre, et plus généralement l’intégration de l’altérité, qui est en jeu.
Dimension temporelle : chacun est situé dans une histoire. Il est marqué par cette histoire, il en est en partie le fruit. L’amour conjugal assume le passé de l’être aimé, il ne peut pas faire comme s’il n’avait pas existé. Mais surtout, le consentement matrimonial fonde une histoire commune, une histoire pour la vie. Être époux, épouse, c’est avancer ensemble dans la vie, et non pas rester fixés à un moment, à une période de la relation, l’éblouissement initial par exemple, ni chercher à retrouver, à répéter, l’état amoureux du commencement (quel qu’il ait été : il n’y a pas de modèle unique, chaque couple, et chacun dans le couple, est différent).

Se marier, c’est croire que le temps qui passe est la chance de l’amour et non pas sa perte, parce que c’est avec le temps seulement qu’on peut connaitre vraiment l’autre (et se connaitre soi-même) et l’aimer en vérité. Le mariage est une relation ouverte en avant d’elle-même et non pas nostalgiquement tournée vers le passé.


L’enfant est par excellence celui qui ouvre la relation conjugale vers l’avenir. Avec l’enfant les époux s’inscrivent dans la succession des générations. Ils transmettent la vie qu’ils ont reçue. Leur amour s’enrichit de la responsabilité qui leur incombe, des joies partagées, des difficultés portées ensembles. De façon générale, le véritable amour conjugal aspire à la fécondité, à construire quelque chose. Don mutuel des époux, il veut donner à son tour. Ensemble, donner la vie ! Tel est certainement l’un des critères de la maturité d’une relation amoureuse : est-ce que je suis prête à vouloir que cet homme soit le père de mes enfants ? Est-ce que je suis prêt à vouloir que cette femme soit la mère de mes enfants ? Que mes enfants soient nos enfants ? Les couples sans enfant, ou ceux qui ont des difficultés à avoir un enfant, témoignent par leur souffrance même, combien le désir de fécondité est inscrit au cœur de l’amour conjugal. Il y a d’autres fécondités, mais elles ne remplaceront jamais tout à fait l’enfant qu’on n’a pas eu. Assumer l’épreuve n’est pas la nier.


 Les époux exercent un service responsable de la vie, d’une vie qui vient de plus loin qu’eux. L’enfant n’est pas d’abord, ni seulement, la réalisation de leur désir d’enfant, de leur « projet parental ». Par ce service de la vie (Vatican II parle à ce propos de « ministère », Gaudium et Spes 51 § 3), ils collaborent à l’amour créateur de Dieu.

La dimension sociale, enfin. Lorsqu’on tombe amoureux, on est seul au monde. Mais assez vite, on s’aperçoit que l’autre a une famille, des amis, des collègues de travail. Une étape est franchie le jour où l’on commence à parler de son ami(e) à sa famille, le jour où on le (la) présente à ses amis. Lorsqu’on se marie, on est intégré dans la famille de son conjoint, et l’on sait que cela ne se fait pas toujours sans difficulté. Et que dire du groupe des copains du mari, des copines de la femme ! Une certaine vie sociale du mari et de la femme à l’extérieur du couple semble importante pour son équilibre. Les époux ne sont pas obligés d’être toujours et tout faire ensemble. Sur ce point, il n’y a pas de règle, chaque couple trouve son propre équilibre (qui peut varier au cours de l’existence).


Plus fondamentalement, le mariage fondement de la famille s’inscrit dans la société. Il n’est pas la partie purement privée et intime de l’existence. Tant que la relation amoureuse est jalousement préservée dans la sphère privée, elle n’a pas encore atteint la maturité d’un amour conjugal. Un mariage, une famille, est une petite société, une société domestique, qui est en interaction avec la grande société. Le mariage est une institution sociale parce que le bien de la société et son avenir reposent en partie sur le lien familial et sur la famille. De même, le mariage de deux baptisés constitue une « petite Église », une « Église domestique » (cf. Familiaris Consortio 49).

C’est pourquoi le « mariage à l’Église » n’est pas une célébration privée, seulement amicale et familiale. Elle a un caractère ecclésial. Le prêtre représente le Christ qui unit les époux dans le sacrement (ce n’est pas le prêtre qui est ministre du sacrement de mariage, mais c’est bien le Christ qui agit à travers l’échange des consentements des époux), mais il représente aussi l’Église, témoin de l’union de deux des siens, de ses enfants, heureuse de ce nouveau couple chrétien qui se constitue.

Dans la mentalité individualiste dominante, cette dimension sociale du mariage et de la famille est souvent sous-estimée, voire oubliée. Elle est pourtant très importante. Un mariage, une famille s’inscrivent dans la société et doivent être ouverts au monde qui les entoure. Les époux doivent préserver du temps pour eux et pour leurs enfants. Mais ils doivent être aussi présents au monde dans lequel ils vivent, sensibles aux besoins de la société et de l’Église, prêts à répondre à leurs appels, dans la mesure de leur possibilité, sans mettre en danger l’équilibre conjugal et familial.


Sommaire

1e partie : L'égale dignité personnelle de l'homme et de la femme

2e partie : L'alliance conjugale

3e partie : Un amour qui enveloppe le bien de toute la personne

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 07:00

Le sujet de la chasteté dans le couple chrétien est incontournable. Pour les lecteurs et lectrices du blog qui confond avec hâte chasteté et continence, nous leur suggérons d'approfondir ce thème de toute urgence. Une telle méprise entraîne des choix hasardeux et conduit à l'échec certain. Pour être chaste, encore est-il besoin de s'informer sur cette vertu qui ouvre la porte au bonheur conjugal. Pour résumer, la chasteté a trait au respect mutuel entre les époux. Bonne lecture!


« Être époux, être épouse :

fonder la relation et la vivre à tous les âges de la vie » (3e partie)

Module diocésain de formation, saint Jean-Baptiste de la Salle, 27 novembre 2010
par le Père Jacques de Longeaux
Texte intégral
Document préparatoire en pdf (lecture recommandée)
Source : http://www.paris.catholique.fr

3. Un amour qui enveloppe le bien de toute la personne

Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est cet amour conjugal. J’en viens à cette expression de Gaudium et Spes (49 §1) que j’ai citée en commençant : L’amour conjugal « enveloppe le bien de toute la personne ». « Toute la personne » : qu’est-ce à dire ? Loin de toute vision dualiste qui oppose le corps et l’âme, ou encore la liberté à la nature, l’Église tire de sa réflexion sur la Parole de Dieu et sur les données de l’expérience, une vision unifiée de la personne : l’homme est un de corps et d’âme (GS 14 § 1). Le bien de la personne toute entière est donc à la fois corporel et spirituel. L’amour conjugal intègre toutes les dimensions de la personne.

La dimension physique tout d’abord. L’amour conjugal et lui seul comporte une dimension sexuelle. L’Église, contrairement à ce que l’on lit parfois, n’est pas hostile à la sexualité. Mais elle estime que la sexualité n’atteint sa pleine valeur humaine et éthique qu’intégrée à un véritable engagement d’amour ; dans le cas de l’amour conjugal, au don personnel mutuel d’un homme et d’une femme. J’ai employé un verbe qui nous donne une des clefs de l’enseignement de l’Église : « intégrer ».

Là où notre société s’acharne à dissocier les différentes dimensions de l’amour, l’Église propose une vision intégrée. L’Église n’est pas « contre » le plaisir, mais elle met en garde contre le plaisir recherché pour lui-même, en dehors de la relation et en dehors de l’engagement. Nous savons bien qu’un mariage fondé uniquement sur l’attrait physique ne peut pas durer. L’attrait seulement physique n’est pas l’amour conjugal. Mais l’amour conjugal intègre l’attrait physique. Une difficulté sur ce plan – et l’on sait qu’elles sont nombreuses – est un obstacle que les époux doivent sérieusement considérer, dont ils doivent parler, car il met en danger leur relation. La sexualité est appelée à être intégrée, tant bien que mal, à la relation de personne à personne. Une sexualité chaste favorise l’amour. Elle est l’expression, la célébration corporelle de l’amour conjugal.

Nous avons une affectivité. C’est le niveau du sentiment amoureux, auquel beaucoup identifient purement et simplement l’amour. L’état amoureux est exalté, chanté, décrit, exploré sans relâche. Il semblerait qu’il n’y ait pas d’autre moyen d’être heureux que d’être amoureux (d’où la difficulté à comprendre et à accepter l’engagement dans la vie consacrée, où l’on renonce à la vie amoureuse, du moins à ce niveau).

La passion amoureuse, qui semble saisir les individus malgré eux, qui les aveugle, et qui a partie liée avec la mort, est à la fois admirée et redoutée. Mais le sentiment amoureux, lui, est devenu le vrai dieu de notre époque. Il n’y a de mariage que mariage d’amour. Et lorsqu’il n’y a plus d’amour – entendons ici le sentiment amoureux – il faudrait se séparer – c’est presque devenu une norme sociale – pour ne pas être malheureux, ni hypocrite (je me souviens qu’un jour, dans le train, alors que je lisais dans le Concile Vatican II le passage où le mariage est défini comme une « communion intime de vie et d’amour » (Gaudium et Spes 48), ma voisine, fort intéressée par ma lecture, s’est penchée sur mon épaule et m’a dit : « voyez, s’il n’y a plus d’amour, il n’y a plus de mariage ». Je lui ai alors suggéré de lire ce qui était dit après sur le véritable amour conjugal !)

On identifie l’amour avec le sentiment amoureux. Or, si le véritable amour conjugal intègre le sentiment amoureux (la dimension affective, la tendresse), il ne s’y limite pourtant pas. Comprenez-moi bien : il est bon que, désormais, les mariages soient des mariages d’amour. J’ajoute qu’il est essentiel que les époux veillent tout au long de leur vie conjugale à la qualité de leur relation, pour ne pas devenir progressivement des étrangers vivant côte à côte.

D’où la nécessité vitale de se garder du temps pour tous les deux, de demeurer époux alors que l’on est devenu parents. Consacrez à votre couple et à vos enfants ce que vous avez de plus précieux parce que c’est ce qu’il y a de plus rare : du temps. Non pas pour régler des comptes, mais pour goûter la joie d’être ensemble.

Les rythmes professionnels (et les difficultés de la vie professionnelle), les obligations familiales, rendent la chose difficile. Il faut savoir éteindre la télévision, l’ordinateur et le téléphone pour être tout entier présent à l’autre. Être tout entier présent à l’autre… N’est-ce pas cela aimer ? L’amour a besoin d’être nourri par l’attention à l’autre, la tendresse, les plaisirs partagés. Je pense à la cuisine par exemple ! (je m’empresse de préciser que ce ne sont pas seulement les femmes qui font la cuisine…). Toutes ces petites choses sont importantes et participent à la qualité de la relation conjugale.

 

Sommaire

1e partie : L'égale dignité personnelle de l'homme et de la femme

2e partie : L'alliance conjugale

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 07:00

Être époux, être épouse :

fonder la relation et la vivre à tous les âges de la vie (2e partie)

Module diocésain de formation, saint Jean-Baptiste de la Salle, 27 novembre 2010
par le Père Jacques de Longeaux
Texte intégral
Document préparatoire en pdf (lecture recommandée)
Source : http://www.paris.catholique.fr

2. L’alliance conjugale

La communion conjugale qui unit deux personnes, un homme et une femme, différents et d’égale dignité, n’est pas une fusion où les personnalités propres de chacun disparaitraient. Elle est une alliance où, grâce à l’amour, chacun peut grandir et affermir sa personnalité. Certes, le mariage comme tout engagement, implique des choix et le renoncement à déployer certaines potentialités. Mais c’est pour mieux se réaliser en vivant avec l’autre et pour l’autre, en construisant ensemble un mariage, une famille.

La révélation biblique manifeste la profondeur de l’alliance personnelle entre les époux. Cette alliance n’est pas une simple association que l’on pourrait dissoudre lorsqu’elle n’apporte plus satisfaction. Pour les baptisés, l’union du Christ et de l’Église est à la fois la source et le modèle de l’union conjugale, de cette communion d’amour de l’homme et de la femme. Par le sacrement, leur union est assumée dans l’alliance nouvelle, dont les époux sont appelés à être les signes, les témoins.

Le ‘oui’ qu’ils se disent l’un à l’autre, le jour du mariage et chaque jour de leur vie, est porté par le ‘oui’ sans réserve, irrévocable du Christ à l’Église, son épouse. Et par le ‘oui’ que l’Église en retour dit au Christ, son époux. Ce double ‘amen’ du Christ à l’Église et de l’Église au Christ est le cœur et le sommet de la célébration eucharistique, cet ‘amen’ que l’assemblée proclame à la fin de la prière eucharistique.

C’est en Jésus-Christ que se révèle la qualité de l’amour que les époux chrétiens doivent se porter (cf. Ep 5, 21-32 ; 2 Co 1, 19-20 ; Jn 13, 1-17). Je viens d’employer un mot impressionnant. J’ai dit : l’amour que les époux doivent se porter. Nous comprenons bien que nous ne sommes pas ici d’abord dans le domaine de la morale, du moins d’une morale d’obligation. Les époux reçoivent de Dieu la grâce de s’aimer comme le Christ nous aime. Leur effort quotidien est porté par le don qu’ils ont reçu. Cette affirmation est objet de foi et d’espérance (le propre de notre foi chrétienne est de croire en la grâce, le don de Dieu qui suscite notre effort, le soutient et fait qu’il porte du fruit).

Je sais bien qu’elle se heurte bien souvent, trop souvent, aux démentis apparents de l’expérience. Nous savons qu’un idéal élevé de l’amour peut se muer en désillusion et tourner au scepticisme. Nous entendons trop souvent autour de nous : l’amour est un piège, chacun au fond n’agit qu’en vue de son propre intérêt, le don est une illusion romantique, il est impossible de se lier à l’autre pour la vie. N’est-ce pas ce qu’on nous répète sans cesse ? Et pourtant nous aspirons à aimer !

C’est là où paraît combien le message de l’Église sur le mariage, unique, indissoluble, est véritablement une bonne nouvelle et non pas un carcan que l’Église, supposée ennemie de la liberté, chercherait à imposer aux individus pour défendre un ordre social nécessairement aliénant et répressif. Ce que l’Église annonce, ce en quoi elle croit et espère, c’est que l’amour est possible, un amour pour la vie, une alliance qui comble parce que chacun recherche d’abord le bien de l’autre au lieu d’être centré sur soi. Sans nier que ce chemin d’amour est exigeant et qu’il se heurte à des obstacles, il est une bonne nouvelle.

Combien de fois ai-je entendu des fiancés me dire dans la préparation au mariage : « Nous aspirons à nous aimer pour la vie, mais nous avons peur que ce ne soit pas possible, il y a tant de divorces autour de nous ». L’Église est dépositaire d’une bonne nouvelle : l’évangile de l’amour véritable, de l’amour possible, manifesté dans la personne du Christ, communiqué par le don de l’Esprit (cf. Rm 5,5).

Sommaire

1e partie : L'égale dignité personnelle de l'homme et de la femme

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 07:00

Pour découvrir la réalité de l'amour conjugal, voici une conférence passionnante du diocèse de Paris sur le thème de la famille. Un volet entier est consacré au couple chrétien, sujet qui relève du véritable suspense et jeu de pistes pour les célibataires chrétiens. Choisir la vocation au mariage, c'est une première étape. Vivre l'amour conjugal pour fonder une famille chrétienne, c'est la deuxième étape. Le chemin de liberté intérieure est souvent ce qui manque chez les célibataires qui hésitent à s'engager, ce n'est pas une banalité de le rappeler tant cette vérité est évidente pour ceux qui la connaissent, et demeurent un vrai mystère pour ceux qui en ignorent jusqu'à son existence. Bonne lecture!


Être époux, être épouse :
fonder la relation et la vivre à tous les âges de la vie
(1e partie)

Module diocésain de formation, saint Jean-Baptiste de la Salle, 27 novembre 2010
par le Père Jacques de Longeaux
Texte intégral
Document préparatoire en pdf (lecture recommandée)
Source : http://www.paris.catholique.fr

Introduction

Il y a quelques années je me trouvai avec un groupe de jeunes adultes pour un camp d’été, et lors d’une soirée d’échanges et de réflexion, ils m’ont posé la question suivante : comment savoir si tel garçon ou telle fille que j’aime est « le bon » ou « la bonne » ; c’est-à-dire celui ou celle avec lequel (laquelle) je vais pouvoir m’engager pour la vie ?

Dans ma réponse, une phrase du Concile Vatican II m’est venue à l’esprit. Au numéro 49 de la constitution pastorale Gaudium et Spes sur « l’Église dans le monde de ce temps », qui traite de l’amour conjugal, on lit ceci : « le véritable amour entre mari et femme (…) éminemment humain puisqu’il va d’une personne vers une autre personne en vertu d’un sentiment volontaire, (…) enveloppe [embrasse] le bien de toute la personne ». Pour réfléchir avec vous sur ce que c’est qu’être époux et épouse, il m’a semblé bon de méditer à partir de cet enseignement des pères du Concile Vatican II sur « le véritable amour conjugal ». J’aborde ce sujet d’un point de vue qui est le mien, avec la compétence qui est la mienne, celle du prêtre et du théologien. C’est-à-dire que je vous apporte, dans la mesure de mes moyens, l’éclairage de la Parole de Dieu, Ecriture et Tradition, confrontée à l’expérience concrète des époux.

1. L’égale dignité personnelle de l’homme et de la femme

Un premier point retient notre attention : l’homme et la femme sont ici considérés, absolument à égalité, comme des personnes. On nous répète aujourd’hui qu’il n’y aurait pas de différence de nature entre l’homme et l’animal. Une différence de degré sans doute qui se marque dans l’extraordinaire développement de la culture chez l’espèce humaine, mais pas de différence de nature. Ceci n’est pas la pensée de l’Église, telle qu’elle est rappelée dans la première partie de Gaudium et Spes. Bien entendu, l’être humain prend place dans le grand courant de la vie, et dans l’évolution, des espèces.

Bien entendu, l’animal de son côté est doué de sensibilité, il possède une forme d’intelligence, et développe des compétences. Il est capable d’apprendre et de transmettre. Mais il y a entre l’homme et l’animal une différence qualitative et pas seulement quantitative. L’homme est absolument hors-série dans le monde animal. C’est cette différence que l’on tente de dire lorsque l’on parle d’esprit, ou « d’âme rationnelle », ou encore de « personne ». Pour la Bible l’être humain est créé à l’image de Dieu, homme et femme (Gn 1, 26-27). Chaque être humain est personnellement voulu, connu par Dieu et aimé de Lui. De son côté, la pensée éthique contemporaine insiste sur la dignité inhérente de tout être humain. Autant de manières de reconnaitre le caractère propre, tout à fait singulier, de l’humanité au sein de la création.

L’homme et la femme sont des personnes. Ce qui veut dire que leur comportement amoureux n’est pas entièrement gouverné par la force des pulsions et par les déterminations culturelles. Loin de nous l’idée de nier les unes ou les autres. Mais il y a en l’être humain autre chose, que nous nommons la liberté : les actes libres dans lesquels le sujet humain s’engage et qui construisent son identité. Les sciences humaines ont toujours la tentation de nier la liberté parce que par méthode elles ne peuvent la saisir. Or, « la vraie liberté - toujours selon Gaudium et Spes – est en l’homme un signe privilégié de l’image divine » (GS 17).

Elle est davantage un chemin progressif de libération intérieure personnelle – c’est une banalité de le rappeler – qu’une tranquille possession. Nous risquons toujours de démissionner de notre liberté et de revêtir des personnalités d’emprunt, lorsque nous agissons simplement par conformisme, pour ne prendre que cet exemple.

Mais il ne suffit pas de dire que l’image de Dieu en l’homme, qui fait de nous des personnes, se manifeste dans notre liberté. Il faut aussitôt ajouter une liberté pour autrui. L’être humain, créé à l’image de Dieu, est un être de relation qui s’accomplit dans une existence en communion. (cf le texte de Familiaris Conortio 11). D’une part, ce n’est pas être libre que de vivre exclusivement pour soi, replié sur soi, en utilisant (manipulant) les autres pour les faire servir (les asservir) à ses propres intérêts, de quelque ordre que ce soit.

D’autre part, il n’y a de véritable communion qu’entre des personnes qui s’engagent librement l’une envers l’autre, qui se donnent l’une à l’autre librement. Là où il y a contrainte il ne peut y avoir ni communion ni don. C’est ainsi que le don et la communion sont, avec la liberté, l’expression de la nature personnelle de l’être humain.

La société de l’homme et de la femme, l’union conjugale – toujours selon Gaudium et Spes – constitue la forme première, primordiale, de la communion des personnes (GS 12 §4). Le mariage est fondé sur le consentement personnel – libre et réfléchi – d’un homme et d’une femme, consentement réciproque à être époux et épouse, à construire une communion intime de vie et d’amour proprement conjugal (GS 48 §1).

Ce consentement qui fait le mariage, et cette communion qu’est le mariage, sont l’expression de notre être personnel, à la fois spirituel et corporel. Nous ne sommes pas seulement le jouet de nos cycles hormonaux, de nos désirs inconscients ou de nos déterminations sociales. Bien sûr nous sommes profondément influencés par tous ces facteurs. C’est l’un des enjeux de notre existence que d’assumer ce qui en nous nous dépasse, nous échappe, d’accepter de ne pas être pleinement maîtres de nous-mêmes. Mais ces facteurs sociaux, hormonaux, inconscients, n’expliquent pas tout. Nous ne sommes pas des êtres de part en part objectivement scientifiquement explicables.

Nous sommes capables de nous décider, de nous engager librement, de donner notre parole et d’y rester fidèle et finalement de nous donner nous-mêmes. Nous sommes des sujets responsables de nos actes, et non pas seulement l’objet de forces obscures qui nous poussent dans un sens, puis dans l’autre. L’amour n’est pas une fatalité. Il y a une profondeur, un mystère de la personne qu’on ne peut saisir. C’est de ce centre que jaillit la liberté et que nait l’amour véritable.

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 07:00

Le Père Leproux appuie là où les célibataires doivent se poser de légitimes questions : doit-on se retrancher dans la peur de l'échec? la peur de se donner tout entier? ou bien aller de l'avant avec discernement en se renouvelant sa confiance en Dieu? La question est posée car c'est la réponse à la vocation au mariage : croire, aimer, durer, pardonner et vivre l'éternité de l'amour avec Dieu. Bonne lecture!

 

La famille, cellule d’Église (5e partie et fin)
Par le Père Alexis LEPROUX
à l’église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles, le 14 mai 2011
Retrouvez ici l’intégralité du texte.
Source : http://www.paris.catholique.fr/


3. Famille, où vas-tu ? (suite)

Enfin, puisque la famille est cette cellule ou cette école de la vie éternelle, sa présence au milieu du monde devient bouleversante pour ceux avec qui elle entre en contact. Quand vous êtes éclairé par cet horizon de la vie éternelle, vous n’êtes pas en dehors du monde. Au contraire, cela vous permet d’être dans la cour de récréation à sept ans, dans les lycées à 15 ans, ou encore à la porte des écoles avec d’autres parents ou dans la vie professionnelle pour discuter, en bouleversant – je dis bien en bouleversant – le rapport que les personnes ont avec leur propre temps, avec leur propre histoire. C’est tout simplement déstabilisant de découvrir des gens libres par rapport à la mort. C’est déstabilisant de découvrir des enfants qui vivent à l’échelle de l’éternité et qui n’ont pas peur de mourir. Avoir appris dans sa famille qu’il n’y a de vie véritable en dehors de la vie éternelle, qu’il n’y a de vie véritable en ce monde que par le don total de soi, change son rapport au temps qui passe.

Il est évident qu’un célibat consacré est inenvisageable sans l’expérience concrète de la vie éternelle, déjà concrètement éprouvée. La fidélité conjugale est aussi dans cet ordre-là. La possibilité d’être dans son travail ou dans une communauté scolaire avec une parole libre suppose de ne pas avoir peur. Il y a forcément un moment où la peur de la vérité peut paralyser les exigences de la conscience.

La famille apprend, lorsque son horizon est l’éternité qu’il est possible d’aimer jusqu’au bout et de mourir pour la vérité. La famille est en effet le premier chemin de la liberté spirituelle qui permet d’être engagé dans le monde, non pas à le mesure de ses succès, non pas à la mesure des images de succès que le monde projette et dans lequel on serait tenté de conduire l’humanité, mais dans ce qu’on appelle une liberté de conscience qui, parce qu’elle est comblée de grâce, est prête à tout. Préparer un enfant à la première communion à dix ans, ou à treize ans, ou à vingt-ans ou à quarante ans, c’est le situer non pas dans l’horizon de la mort – « un jour, je vais mourir » – mais dans la plénitude de la vie déjà accordée : « aujourd’hui, je vis pleinement ».

On voit bien que cet « aujourd’hui, je vis pleinement » qui s’appelle aussi une profession de foi, cela suppose un travail au jour le jour : on ne fait pas de réserve d’amour, on ne fait pas de réserve de vie ! Elle la reçoit comme le pain quotidien, au jour le jour. Quand je me lève le matin, quand je suis assis au milieu de mes enfants, quand je joue avec eux – non pas comme des maîtres qui auraient acquis la certitude de l’éternité, mais avec eux – je vie la possibilité concrète d’aimer jusqu’au bout. Dans une famille, cela se joue ainsi, au quotidien, en faisant la vaisselle, en passant le balai, en donnant la vie sans s’en apercevoir mais en l’éprouvant vraiment. Et cela se vit aussi dans l’échec. Devant l’impossibilité concrète de se donner jusqu’au bout, j’expérimente le sommet de la vie, le pardon. Chacun se découvre débiteur de tous les autres. Comment allons-nous donner jusqu’au bout notre vie ? En pardonnant jusqu’au bout à tous ceux qui ne donnent pas leur vie jusqu’au bout. Un père de famille peut expérimenter cet échec par rapport à ses enfants : il sait aussi qu’il vivra de l’amour et du pardon que ses enfants lui accordent ou lui accorderont.

De cet amour et de ce pardon, il se verra appelé à se donner encore plus, à la mesure du pardon donné. On approche de ce retour, de ce reditus où l’homme devient vraiment image de Dieu qui donne vie en pardonnant. Sous prétexte de réussite professionnelle, de réussite familiale et de vocation, on imagine que demain se jouera la vie véritable. La vie familiale est le lieu premier de la vie ecclésiale qui permet, dès l’enfance, et dès aujourd’hui, d’aimer jusqu’au bout. Chacun est conduit à la possibilité réelle d’aimer, de pardonner et d’être aimé. De ces personnes qui se marient et qui donnent la vie, se construit la grande communauté ecclésiale qui devient sel de la terre et la lumière du monde. Par elles, est appelée à s’éprouver, non pas par de grands discours mais par la vie concrète de sa journée, l’avenir de l’humanité, l’avenir réel de l’homme. Aujourd’hui, dans la famille, se joue le grand mystère de l’amour véritable, celui qui construit l’Eglise, celui qui conduit à Dieu.

 

Sommaire

1e partie : Expérience de l'esprit de famille

2e partie : Famille, d'où es-tu?

3e partie : Famille, d'où es-tu? (suite)

4e partie : Famille, où vas-tu?

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Présentation

  • : Célibataires chrétiens: en route vers le Mariage
  • : Ce blog apporte du sens sur la question du célibat des chrétiens/chrétiennes qui ont vocation à se marier religieusement et à fonder une famille chrétienne. Le blog répertorie les sites, les documents, propose la découverte de témoignages vécus sur le célibat chrétien non-consacré et apporte son grain de sel (de la Terre) sur cette question ô combien délicate. Frères et Soeurs, nous sommes plusieurs à vivre ce chemin de Vie qui nous fait franchir les difficultés pour mener au bonheur.
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